La critique est aisée et l’art est difficile

Libre de droit

Le gouvernement actuel ne cesse d’être critiqué de toutes parts pour sa gestion de la crise sanitaire liée au « covid19 ». Cependant l’état dégradé de notre système de santé est la résultante de très nombreuses réformes menées depuis 50 ans par les différents gouvernements précédents toutes sensibilités politiques confondues. Le pouvoir actuel a hérité d’une situation quasi explosive bien avant que la pandémie ne se déclare.

Voici les principales raisons qui ont rendu la situation, lors de la 1e vague de « covid19 », hyper-critique, imposant la décision du 1erconfinement en mode absolu :

* le numerus clausus en 1ère année de médecine

* la réduction des lits d’hospitalisation, la dualité mortifère « Public-Privé »

* le dysfonctionnement de la gouvernance des établissements, le périmètre arbitraire des GHT

* la T2A (tarification à l’activité pour financer les établissements de santé)

* ONDAM (objectif national des dépenses d’assurance) avec pour objectif principal de lutter contre

le déficit chronique de la Sécurité Sociale

* le démontage de l’EPRUS (établissement de préparation et de réponse aux urgences sanitaires)

Le constat qui s’imposait était :

* un manque de lits d’hospitalisation, de personnels soignants et de matériels de protection    individuelle

* des ruptures d’approvisionnement, sans suffisamment d’usines capables de produire rapidement ce dont nous avions besoin vis à vis de cette situation d’urgence.

Fait paradoxal pour un pays qui en 2007 suite à l’épidémie de grippe aviaire de 2006 avait créé l’EPRUS et constitué des stocks stratégiques conséquents de médicaments, vaccins, matériels médicaux, équipements de protection individuelle. La France à cette date était le pays le mieux protégé au monde contre un risque sanitaire de grande ampleur. Cependant, en 2009 lors de l’épidémie H1N1, suite à des commandes de vaccins jugées trop importantes, coûteuses et inadaptées, il était décidé de pratiquer des coupes budgétaires dans le financement de l’EPRUS qui est passé de 281 millions d’euros en 2007 à 25,8 millions en 2015, avant de le faire disparaître en 2016.

Dans le même temps en 2011, il était décidé de séparer les stocks en deux parties :

des stocks stratégiques à diffusion nationale à la charge et sous la responsabilité de l’Etat

des stocks tactiques locaux à la charge et sous la responsabilité des employeurs, cliniques et   hôpitaux.

Des solutions existent par exemple en réactivant l’EPRUS, en reconstituant des stocks stratégiques d’État, en relançant une production nationale autour d’entreprises avec une capacité de production plurimodale. Ces entreprises produiraient, hors crise sanitaire, des biens de consommation classique et seraient activées en cas de crise avec une production de matériels médicaux. Ces stocks stratégiques seraient renouvelés régulièrement et écoulés avant péremption vers les stocks tactiques qui pourraient être gérés au niveau régional. Il conviendrait d’imaginer une coopération forte Public-Privé afin de constituer une véritable Task-Force sanitaire.

Ce gouvernement a eu le courage de supprimer le numerus clausus, de revaloriser les filières sanitaires, d’élargir les modes de recrutement en médecine, de favoriser la qualité et non la quantité des soins en diminuant la T2A, de reprendre une partie de la dette des hôpitaux, de renforcer le travail en coopération et de poursuivre le développement de la télémédecine. Dont acte !

  « L’avenir n’est jamais que du présent à mettre en ordre.  Tu n’as pas à le prévoir, mais à le permettre. »  Antoine de Saint-Exupéry

            

Sylvie Izdag, médecin hospitalier,

Vice-Présidente de l’Atelier Libre et Responsable, le 11/2/21